Mon ptit’ cadeau pour Jean-Claude Van Damme

[ Article à lire aprés avoir lu en entier l'analyse du film « JCVD » car il s'agit de la suite. ]

J’ai dit plus haut que je soupçonnais les persécutions que j’endure d’être reliées d’une manière ou d’une autre à une forme de pouvoir bizarroïde qui me serait attribuée sans mon consentement. Et j’ai dit également que je ne m’autorisais pas à prendre le contrôle des services secrets pour appuyer telle ou telle ligne politique que je jugerais utile (et je rappelle qu’on parle toujours de souffrance de vrai-gens). Mes ordres de mission me l’interdisent. Je ne m’autorise pas à faire de la politique dans le sens « influencer-mentir-manipuler-forcer-violenter-torturer-assassiner etc… ». Ici c’est le mot influencer sur lequel je veux insister. Je ne m’autorise pas à influencer mais je m’autorise à donner mon Nord, ce à quoi je crois. La limite est floue c’est vrai. Je donne mon Nord en tant que simple Personne humaine. Je ne compte pas et ne souhaite pas que mon Nord fasse l’objet d’une propagation « express » par l’entremise des services secrets. Quand on est un politique persécuté comme je le suis, on est un peu comme ces hommes politiques dans les séries américaines : des mecs qui craignent toujours de se salir les mains. Ne croyez pas que cela soit le fruit du hasard. J’ai eu une psychiatre avec qui je m’entendais bien (vous vous doutez qu’on m’a forcé à en voir une bonne trentaine) et elle m’a dit un jour un truc du genre : « toute personne à qui on donnerait le pouvoir de mettre en place la politique qu’elle pense juste mettra rapidement en place une politique fasciste ». C’était mieux dit que cela mais l’idée est que même avec de bonnes intentions, tout homme propose une politique basée sur sa réalité et son expérience qui n’est pas celle des autres et en général, quand on prétend savoir mieux que les autres ce qui est bon pour eux, on fait des conneries… Et j’ai convenu avec elle que c’était rigoureusement exact. C’est pourquoi la suite de mon propos est strictement encadrée par ses considérations préliminaires : comme tout politique qui se respecte, j’aime avoir les mains bien propres et je n’aime pas, en regardant mon ombre, identifier la silhouette de Dark Vador.

Je ne veux pas non plus laisser entendre que ce qui me bloque sont des considérations relatives à l’image c’est-à-dire à l’ego. Il y a plusieurs choses qui me bloquent et les plus importantes sont toutes en T2. Je ne vais pas les développer ici mais je le ferai un jour. Certaines d’entre elles génèrent un tel effroi dans l’esprit qu’on ne peut en conclure qu’une seule chose : toute pensée en T1 est absurde et toute action est vaine. J’ai vu des choses qui me laissent penser que les paragraphes qui vont suivre n’ont pas la moindre importance ni le moindre sens. Et il me faut lutter contre cette forme de désespoir pour proposer tout de même un Nord dans un référentiel sachant que ce Nord est probablement absurde au regard de ce qu’il y a dans les autres référentiels.

Je propose qu’on fasse un cadeau à Jean-Claude Van Damme. Je vais proposer un Nord et les personnes (les personnes, pas les agents) pourront le propager si cela leur semble une bonne idée. A l’inverse ceux qui pensent que ce n’est pas une bonne idée peuvent/doivent la combattre. Cela s’appelle la liberté.

Pourquoi aime t’on JCVD ? On aime Jean-Claude Van Damme parce qu’à l’école entre autres, on a subi une forme de violence symbolique, psychique ou physique (dans la cour de récréation ou vis-à-vis du système scolaire) contre laquelle on n’a pas pu se défendre. On a pris des coups (métaphoriques ou réels) et il a fallu se soumettre et rester à terre (métaphoriquement ou réellement). Les films de Jean-Claude Van Damme nous ont fait du bien et ils ont contribués à panser certaines de nos blessures. En effet, ce dernier a su faire ce qu’il nous était impossible de faire : se défendre, défendre les plus faibles, la veuve et l’orphelin par exemple dans Full Contact. Il le dit dans le film « JCVD » quand il se défend dans le tribunal au tout début : « mes films avaient du cœur ». Et je pense que nous sommes nombreux à penser que c’est vrai. JCVD ne propage pas la légitimité de la violence dans « la cour de récréation », il illustre la réalité de cette violence qui est déjà là, qui reste bien présente dans nos vies et dont nous subissons tous les jours les effets néfastes. On a tous rêvé, face à nos agresseurs, de pouvoir faire du JCVD. Même JCVD dans son film aurait rêvé de pouvoir faire du JCVD face au braqueur « neutre » à la fin du film : la scène où il décoche un coup de coude puis un coup de pied à son adversaire et qui aboutit à l’acclamation de la foule.

Dans son discours face camera, Jean-Claude Van Damme se plaint de ne pas avoir pu délivrer ce qu’il avait promis (je ne sais pas à quoi il fait référence). Il prétend également n’avoir encore rien fait pour cette terre. Je ne suis pas du même avis que lui : les films de JCVD m’ont fait du bien quand j’étais enfant et ils me font encore du bien aujourd’hui. En cela, il m’a aidé. Comment peut-on l’aider à avoir le sentiment qu’il a fait quelque chose pour cette terre ?

A qui JCVD a-t-il écrit après avoir été blessé par la mentalité « we gonna fuck him » ? A-t-il écrit à son ancien instituteur ? A-t-il écrit à son professeur de Math ou de philosophie ? Non, JCVD a écrit au Dojo. L’homme qui a su me dire en face (par l’intermédiaire d’un film) en français et pas en allemand : « ce film c’est pour moi […]. Ce n’est pas un film, c’est une réalité » a écrit non pas à l’école mais au Dojo.

Je n’ai pas besoin de plus pour rêver, pour vouloir un Dojo colonne vertébrale de l’école. Dans les paragraphes qui suivent, je vais développer les grandes lignes de cette idée. Je ne vais pas écrire un traité sur l’éducation : je n’en ai pas la capacité. Je donne mon Nord. Ce n’est peut-être pas le meilleur mais c’est le mien.

Il va de soi que ma proposition « Dojo colonne vertébrale de l’école » reflète les manques de ma propre existence. On ne peut écrire en politique, que par rapport à ce qu’on est et ce qu’on connait. Mais ce n’est pas parce que le karaté aurait été bon pour moi hier que ce n’est pas bon pour d’autres aujourd’hui.

Récemment, j’ai rendu visite à mon ancien colocataire et ses enfants : j’ai vécu plusieurs années avec eux et nous nous connaissons donc très bien. Un de ses enfant, un garçon d’une dizaine d’année avec qui j’ai noué des liens solides, venait d’entrer en sixième. En CM2, Il m’avait déjà fait part de ces craintes concernant la violence au collège. Quand je l’ai revu et lui ai demandé comment se passait la sixième, il s’est plaint de subir des violences à l’école. Ce n’était pas vraiment une plainte (c’est un enfant toujours joyeux, toujours content) mais plutôt un constat objectif que je décryptais ainsi : « d’autres enfants m’emmerdent, je suis obligé de me soumettre, de raser les murs et donc je me sens faible et cela me fait mal parce que c’est injuste. Je ne sais pas quoi faire pour me sortir de cette difficulté : toi qui as plus d’expérience dans la vie, que me conseilles-tu ?».

C’est un problème que chacun comprend bien parce que la plupart d’entre nous y ont été confronté à un moment ou à un autre. Alors je vais proposer un petit qcm des réponses possibles à faire à cet enfant :

  1. « Tu es une lavette. Apprend à te défendre et casses leurs la gueule à ces enculés. »
  2. « Va réviser tes mathématiques. Dans 20 ans, tu seras leur chef à ces enculés et tu pourras te venger. »
  3. « … tiens, prend un peu de cocaïne, ça te fera oublier tes malheurs. Ne t’inquiète pas pour la qualité et la pureté : tous nos circuits sont intégralement créés, contrôlés et maintenus par les services secrets »
  4. « Rejoins l’union secrète pour contrôler les situations et les personnes qui t’emmerdent. »
  5. « Euh…. Et sinon les professeurs sont gentils ? »
  6. « Va au Dojo réviser ton kata Heian Shodan ». [Pour ceux qui l’ignorent, un kata est un combat réel contre un adversaire imaginaire.]

Vous aurez compris que j’ai bafouillé la réponse (e) et que j’aurais aimé pouvoir donner la réponse (f). Le fait que nous -- adultes --, ne soyons pas en mesure de proposer une réponse qui sonne juste à l’oreille des enfants que nous aimons est symptomatique de la maman/nation malade dont je parlais. Les réponses (a), (b), (c), (d), (e) illustrent la gravité de la maladie de cette maman/nation. La réponse (f) illustre également une maman/nation malade mais cette dernière se soigne.

En général j’essaie de parler de ce que je connais un peu. Le problème c’est que je ne suis pas ceinture noire de karaté. Je suis ceinture blanche avec une expérience infime de quelques mois seulement. Mais le peu de karaté que j’ai fait, étalé sur plusieurs années, je l’ai fait très sérieusement et je n’ai arrêté qu’à cause de problèmes d’arthrose au dos. J’ai néanmoins 20 ans de course à pied derrière moi. Ce n’est pas la même chose, c’est vrai mais cela me permet de parler des vertus de l’endurance, de l’effort et de la discipline personnelle. On ne peut pas toujours s’offrir le luxe de savoir précisément de quoi on parle et c’est mon cas aujourd’hui. Par chance, il y a quelqu’un qui peut valider ou invalider ce que je raconte. Ainsi tout ce que je dis dans les paragraphes qui suivent est placé sous contrôle de JCVD. S’il dit que c’est de la merde alors c’est de la merde. Je ne serai pas le premier à offrir « un cadeau » qui ne plait pas. C’est un risque à prendre.

N’ayez aucun doute néanmoins que je suis ceinture noire en « système scolaire » : j’étais l’intello que les autres méprises, j’ai eu droit à toute les médailles de ce système (les notes, les mentions) et je suis allé jusqu’au bout avec leur pompeux « doctorat ». J’ai également enseigné à l’université (peu et mal). Tout cela n’a pas fait de moi un élève plus brillant, plus intelligent ou meilleur que les autres mais simplement un élève plus docile, complétement soumis au monde « adulte ». Avec un tel palmarès, je suis censé être dans la meilleur position pour juger ce système. Et bien, mon jugement est simple : c’est de la merde. Je n’ai jamais caché mon manque de considération pour le système scolaire. Le chacun pour soi et la compétition, les milliers de notes, la transmission de connaissances souvent inutiles car jamais mises en pratiques, l’ennui mortel, la violence dans la cour de récréation, la fabrique de docilité, le maintien secret des enfants sous tutelle, la mise à l’écart inexpliquée de la morale. Cette école fabrique le faux-plancher cupidité-égoïsme. Il existe probablement une école sécrète (dont je ne peux pas parler parce que je ne la connais pas) qui fabrique le faux-plancher surhomme-agent.

Comme je l’ai dit, je ne vais pas écrire ici un traité d’éducation pour transformer l’école. Je pars avec ce qui existe même si ce qui existe est dans un triste état. Et on va greffer le karaté à l’école pour traiter le premier problème : la violence. La transmission de connaissances importantes ne peut pas s’effectuer correctement si les professeurs ferment les yeux sur la réalité de la violence. Ni s’ils la placent dans l’obscurité, la nient, la minimisent ou se contentent de la déplorer sans rien proposer. Introduire le karaté à l’école a pour objectif de traiter ce premier problème : les adultes reconnaissent officiellement que l’école est un milieu violent. Ils ne le reconnaissent pas « entre eux » (cela c’est facile) mais –et c’est le plus important—vis-à-vis des enfants : « Oui tu vas rentrer au collège et oui, le collège c’est violent ». En France, le karaté est probablement enseigné à partir de 6 ou 8 ans. Le Dojo dont je parle s’adresse essentiellement aux collégiens et aux lycéens c’est-à-dire la classe d’âge des 11-18 ans. La classe d’âge 6-10 ans me semble trop jeune : « mon » Dojo n’enseigne le karaté qu’à des enfants qui le veulent vraiment et qui ont déjà suffisamment de discipline personnelle. Cela ne veut pas dire que le fonctionnement des Dojos tel qu’il se pratique en France me semble mauvais. Je propose simplement autre chose, complémentaire à ce qui existe déjà : un Dojo colonne vertébrale de l’école représente un enjeu de taille et les règles doivent donc être quelque peu différentes.

Qu’apporterait, selon moi, le Dojo à l’école :

Le Dojo/le karaté auquel je pense n’est pas un art martial. Pour être honnête, je ne comprends pas vraiment le mot « art ». A l’inverse, je ne comprends que trop le mot « martial ». « Mon » Dojo/karaté n’est pas non plus un sport de combat. Dans mon esprit, le rôle du kumite (combat) est secondaire par rapport au Kihon et aux Katas. Et je ne souhaite pas qu’il existe une connexion entre mon enseignement du karaté et la compétition, contrairement à ce qui existe en France. La compétition renforce trop l’égo et elle crée des gagnants et des perdants, des bons et des mauvais. Nous n’avons pas besoin de cela.

D’autre part, je ne m’engage que pour le karaté. Pas pour le judo, ni pour l’aïkido, ni pour le Kung fu, ni pour la boxe. Pas parce qu’ils sont moins bien mais parce que je ne les connais pas. JCVD a fait du karaté, j’ai fait du karaté. Va pour le karaté. Ce choix est lié au fait que je sais que le karaté est accessible à ceux/celles qui sont rebutés par les contacts physiques (donner et recevoir des coups, avoir des bleues quand il y a un « raté ») : je pense en particulier mais pas seulement, aux jeunes filles. Il va de soi que personne ne sera forcée à faire du karaté (j’y reviendrai). Parmi ceux qui voudront recevoir un enseignement de karaté, personne ne sera forcé à faire du kumite. Quel peut-être la valeur d’une ceinture noire de Karaté qui n’a jamais fait du kumite ? Je ne sais pas. Je n’ai pas le niveau pour répondre. Tout ce que je peux dire c’est que du peu que je comprends des Katas, il n’y a aucune chance que j’accepte de me battre avec une jeune fille qui aurait une énorme maitrise des katas sans jamais avoir fait du kumite. Je passe mon tour et je vous conseille de faire de même : un seul coup de poing qui passe (Choku zuki) peut représenter des semaines d’hospitalisation.

Donc si mon Dojo/karaté n’est ni un art martial, ni un sport de combat, alors c’est quoi ? C’est une philosophie, une spiritualité, une sagesse qui n’est pas basée ultimement sur des mots mais sur la maitrise du corps dans l’espace, entre autres. Comme chacun le comprends très bien, en assouplissant et en renforçant les corps, en fluidifiant les mouvements, je veux assouplir, fluidifier et renforcer l’esprit pour en accroitre drastiquement la stabilité. S’il y a une chose que je sais, c’est que les athlètes sont rarement méchants.

Ce qui me semble important dans l’école c’est qu’elle soit capable de former des hommes et des femmes qui seront à leur tour capables de porter un peu plus que leur propre personne durant leur existence. Comme chacun sait, nos sociétés fabriquent du malheur et donc des personnes qui ne sont plus en mesure de se porter face à l’adversité, pour des raisons diverses. Et il faut bien que quelqu’un les aide. Il n’y a pas de super-héros capable de porter à bout de bras des centaines de personne pendant le temps d’une existence. Mais des gens qui peuvent soutenir 1,2,3,10 personnes (famille, amis) à travers les décennies qui passent et la vieillesse qui pointe le bout de son nez, il y en a. Plus il y en a, mieux c’est. Je soupçonne qu’une personne qui a obtenu une ceinture noire dans sa jeunesse, se retrouve, quand elle traverse les différents âges de la vie (20,30,40,50,60,70,80,90,100 ans) plus en mesure de porter son entourage que ne peut le faire statistiquement une personne sans ceinture noire. Comme chacun le comprend, mon test statistique est biaisé : je sélectionne déjà initialement des jeunes suffisamment déterminés pour obtenir une ceinture noire. C’est vrai. Mais qui de la poule ou de l’œuf ? Le karaté pourrait bien être à l’origine de ces tempéraments fortement « déterminés ».

Ainsi quand je parle de « ceinture noire de karaté », j’essaie de penser tout autant à l’homme de 80 ans qu’à celui de 18 ans. Les combats existentiels que doit livrer un homme de 80 ans (solitude, vieillesse, maladie, mort, deuil, inquiétude pour ceux qui vont partir ou pour ceux qui vont rester…) ne sont pas de même nature que ceux qu’il a dû livrer dans sa jeunesse et c’est pourquoi -- à tort ou à raison -- je place les katas devant le kumite en termes d’importance mais ce n’est que l’avis d’un grand débutant et ce n’est pas un point capital.

Quel peut-être la place de la discipline dans mon Dojo ? Aucune. Je ne veux pas des enfants qui apprennent le métier de soldat, je veux des enfants qui apprennent le métier d’homme. Il n’y a qu’une seule discipline qui tient la route : celle qu’on s’impose à soi-même. Le sensei (professeur de karaté) enseigne le karaté à des enfants ou des jeunes qui veulent apprendre le karaté et qui sont contents d’être au Dojo. Si l’école représente par bien des aspects une vaste garderie, ce ne peut être le cas du Dojo. Ainsi ne suivent l’enseignement que ceux qui le veulent bien. En sont écartés :

Être écarté du dojo n’est pas grave en soi. Le sensei le fait calmement et gentiment mais fermement. Ce n’est pas une punition. Cela permet à chacun de réfléchir sur son engagement dans le karaté. Et il est toujours possible de revenir si on est enfin disposé à suivre le cours correctement. Ainsi, on ne rejoint pas mon Dojo pour acquérir cette fameuse discipline personnelle : il faut déjà l’avoir initialement. En revanche, on peut espérer acquérir tout un tas de vertu par l’enseignement : la force, la détermination, la volonté, le calme intérieur et extérieur. Plus indirectement peut-être, la bonté, la gentillesse, l’amour de la liberté, de la vérité, de la justice etc…

Ce que j’aime dans le Dojo, c’est qu’il partage certains traits communs avec la notion de surhomme/d’institution mais ce n’en est pas un. Il y a un kimono mais ce n’est pas un uniforme. Dans le kihon, élèves et professeurs exécutent des mouvements tous en même temps ce qui peut donner un sentiment d’unité. Mais il n’y a pas d’unité. Ce n’est qu’un enseignement. Il n’y a pas d’actions ou de buts communs collectifs hors dojo, encore moins de buts ou d’action sécrètes. L’apprenti karatéka n’a pas à endosser une autre identité que la sienne. Ce n’est pas un enseignement pour créer un groupe fort mais pour créer une personne forte. La personne n’a à aucun moment la nécessité de s’effacer devant le groupe. Elle peut stopper l’enseignement, il ne lui arrivera rien de mal. Le fait que l’enseignement soit centré sur la personne et non pas sur le groupe offre une garantie forte qu’il ne s’agit pas d’un surhomme. D’un autre côté, on pourrait déplorer cette culture/sculpture du moi pour n’y voir qu’un égoïsme. On passe à mon avis à côté du point important : fabriquer modestement des personnes qui seront capables de porter un peu plus qu’elle-même durant leur existence. C’est peut-être un objectif qui semblera bien modeste mais qui permet d’essayer de s’affranchir et du travers de l’égoïsme et du travers de la cruauté de groupe. Ce n’est pas facile de devenir ceinture noire de karaté, cela sous-entend beaucoup de détermination, beaucoup d’efforts et beaucoup de force. Ces qualités, une fois développées, irradient naturellement et positivement sur les autres. Tel est mon avis. Ainsi mon Dojo ressemble à un surhomme mais il ne s’agit que d’une ressemblance car c’est un anti-surhomme. Sur la base de quoi je formule une telle affirmation ? Toujours là même : qui m’a dit sans cryptage « C’est n’est pas un film, c’est une réalité »? Une ceinture noire de Karaté. C’est ainsi.

Quel est le contenu idéologique associé à mon Dojo ? Comme je l’ai dit plus haut, quoi qu’on fasse, il y a toujours des choses véhiculées en parallèle et ces choses peuvent plaire ou déplaire : c’est l’idéologie. Mon Dojo véhicule deux choses susceptibles de déplaire ou de diviser : une spiritualité (1) et une morale (2). Mais dans les deux cas, ces éléments sont homéopathiques (doses infimes) ou laissent à chacun le choix de sa propre interprétation.

Voyons déjà les éléments spirituels. Le Dojo peut être perçu comme un temple (un lieu sacré) ou comme un simple gymnase. De la même manière, le salut initial et final entre sensei et élève (de mémoire) peut revêtir une dimension spirituelle pour les uns et une simple marque de respect pour les autres. Le kimono peut être perçu comme une tenue rituelle religieuse pour les uns, une simple tenue d’art martial pour les autres. Ceux qui veulent ressentir une proximité entre Dieu et le Dojo le peuvent. Ceux qui ne le souhaitent pas n’ont pas à le faire. En France, le « sacré » a été banni de l’école. Avec le Dojo, le « sacré » revient pour ceux qui aiment se représenter les choses ainsi, sans heurter ceux que cela dérange. Si ces questions peuvent sembler secondaires à un Français (ou alors au contraire un peu provoc’), elles ne le sont pas dans mon esprit. Et il est vrai que mon Dojo colonne vertébrale de l’école contient une composante qui dit calmement, sans crier, sans amertume et sans se cacher : « nous Chrétiens, Juifs, Musulmans, Bouddhistes etc… nous existons et nous ne comprenons pas pourquoi l’école Française préfère faire comme si nous n’existions pas ». Elle le dit pour tout le monde. Ceux à qui « cela parle » peuvent l’entendre. Ceux à qui « cela ne parle pas » ne sont pas obligés de l’entendre. Le « sacré » n’a pas besoin de crier. Il m’aurait été facile de cacher cette dimension et de jouer sur le fait qu’elle est véhiculée discrètement. Quel intérêt ?

Venons-en à la partie « morale ». Mon Dojo n’a pas pour vocation de faire des discours philosophiques aux enfants. Globalement, le message principal proposée aux enfants est que le karaté ne leur est pas enseigné pour le permettre de gagner des bagarres mais au contraire pour qu’ils puissent se défendre et défendre les plus faibles/les plus fragiles/les plus petits. L’essentiel de la morale se situe donc dans cette dernière partie : « tu dois défendre/protéger/aider les plus fragiles ». Les enfants évoluent dans leur karaté en sachant que telle est la règle. Celle-ci n’a pas besoin d’être martelé : l’énoncer une fois pour toute peut suffire car elle est intégrée / devient évidente dans le fait même de pratiquer. Celui qui pratique et persévère en Karaté s’est forcément approprié cette règle. C’est ce que je crois. Je ne suis même pas certain qu’il soit nécessaire de la dire tellement elle est évidente et ancrée dans la pratique. Cette morale qui tient en une phrase me plaît car elle me semble saine et est susceptible de faire consensus. Elle me semble particulièrement adaptée aux enfants : leur demander d’être des stoïciens « endures les coups sans les rendre » ou Chrétiens « aimes tes ennemies », c’est trop leur demander. Plus tard, il leur sera toujours possible de changer s’ils estiment que la morale véhiculée par le Karaté ne leur convient plus.

Le principal obstacle c’est qu’actuellement la morale est secrètement interdite à l’école. Je ne sais pas pourquoi ni par qui mais j’en suis quasiment certain. Un surhomme bloque. Professeurs et conseillers d’éducation sont chargés du maintien de l’ordre dans la cour de récréation : ils interviennent quand la violence est trop visible (coup qui laisse des traces, hospitalisation) mais pour tout ce qui concerne la violence sous le radar, ils ferment les yeux. Seul l’ordre et les apparences importent. Et donc des millions d’enfants traversent leur scolarité en rasant les murs, victimes de brimades, de chahutements, d’intimidations, de menaces, d’emprise psychologique, de malveillance ou de coups « qui ne laissent pas de trace ». C’est ainsi. Et c’est ainsi parce que la morale est la chasse gardée d’une structure politique secrète. Je soupçonne que des gens veulent s’assurer de la fabrique du faux-plancher « cupidité-égoïsme » et pour cela, il ne faut pas que les adultes transmettent ouvertement / face l’apologie des vertus qui rendent l’homme grand : la bonté, la patience, la prudence, la constance, la force, la détermination, la volonté, l’altruisme, la souplesse et la légèreté d’esprit, le calme, la confiance, le courage, l’humour etc… je cite sans réfléchir ce qu’il me vient à l’esprit, il y en a bien d’autres. Le moule psychique dans lequel sont façonnés nos enfants fait l’objet de toutes les attentions. Chaque énoncé qui pénètre dans le champ de conscience des enfants est scruté à la loupe et contrôlé par le monde adulte et les sociétés secrètes. A l’inverse, quand on prend des kilomètres au compteur, celui qui était il y a 60 ou 80 ans, le petit enfant qui faisait l’objet d’une surveillance draconienne, n’intéresse plus personne. La solitude s’installe et on meurt bien souvent tout seul.

Quoi qu’on dise, la souffrance est expérimentée par la personne humaine seulement, jamais par un groupe. On souffre seul donc et bien souvent en silence. La plainte n’a pas bonne presse. D’ailleurs plus on se plaint, plus on devient seul car les autres s’écartent. Chacun apprend vite que c’est en lui-même qu’il devra puiser les ressources pour supporter les souffrances et l’adversité. Chacun a un intérêt direct à se forger une âme suffisamment solide pour affronter l’existence. Personne ne fera ce travail à notre place et dans bien des situations, on ne peut compter que sur soi. L’éducation devrait avoir pour objectif de préparer les âmes à faire face à l’adversité. Or au contraire, tout est fait pour dissimuler la souffrance et donner l’illusion d’un monde idyllique.

J’ai discuté un jour avec un copain ceinture noire qui enseignait le karaté aux enfants. Je lui ai justement demandé s’il pensait que le karaté devrait être enseigné à l’école. Pour être honnête, je m’attendais à ce que sa réponse soit « oui ». Il n’en fût rien : il me répondit simplement « Et pourquoi pas les échecs ? Pourquoi pas le théâtre ? Pourquoi pas le dessin ? ». Chaque paroisse tend à défendre sa discipline comme LA discipline cruciale pour nos têtes blondes. Cela est vrai. A l’époque où j’étais élève, c’était les mathématiques qui étaient considérées comme la discipline reine : non seulement intégrées à l’école mais considérées comme la plus importante. Je ne sais pas si c’est encore le cas, je le suppose. Pourquoi les mathématiques ? Combien de fois dans notre vie avons-nous eu besoin de nos connaissances des mathématiques abstraites (Thales, pi, les équations) ? Reconnaissons que ce n’est pas tous les jours même quand on est un scientifique comme je le suis. En quoi les mathématiques font de moi un homme plus à même d’affronter l’adversité et de porter ceux qui auront besoin d’être portés ? Je n’ai rien contre les mathématiques. Je les utilise même très régulièrement et je suis content d’avoir des bases solides. Mais cela ne représente en rien des connaissances fondamentales qui m’aident à structurer ma vie. Les mathématiques en elles-mêmes ne m’ont pas rendu carré, plus logique, plus intelligent. C’est une matière qui sert avant tout les intérêts de la société (fabriquer des ponts, des armes…) et non pas ceux de la personne. Pour le dire autrement, les mathématiques ne me seront d’aucune aide lorsqu’il me faudra affronter un divorce, un licenciement, la violence et l’agressivité des autres, un accident, la maladie, l’oppression, la vieillesse… Et je pense que c’est exactement le contraire pour le Karaté.

En plus de mon doctorat « en système scolaire », j’ai pratiqué à un niveau plus ou moins avancé tout un tas de discipline qu’on pourrait qualifier de périscolaire. J’ai eu du plaisir dans la plupart d’entre elles et elles ont bien évidemment toutes participer à faire l’homme que je suis : je citerai de manière non exhaustive : Piano, tennis, foot, échec, dessin, ski, escalade, course à pied, espagnol, anglais, informatique, électronique, philosophie, karaté, danse, yoga, montagne, biologie... Pour bon nombre de ces disciplines, ma pratique s’est étalée sur plusieurs années voire plusieurs décennies. Tout est susceptible d’être intéressant dans l’existence et par chance, on peut éprouver du plaisir de découvrir et de pratiquer des choses variées. Toutes ces disciplines permettent de développer des qualités humaines qui participeront au fait de devenir une personne épanouie, heureuse, déterminée, stable, fiable etc… Mais une de ces disciplines me semble plus importante que les autres et tout particulièrement pour les enfants. Et cette discipline c’est le karaté. Si je pensais que c’est la montagne, je vous dirais « c’est la montagne ». Si je pensais que c’est la course à pied, je vous dirais « c’est la course à pied ». La course à pied a été le grand amour sportif de ma vie mais comme je l’ai dit, je crois qu’il faut avoir un certain âge pour en gouter les délices.

Pourquoi je place le karaté au-dessus des autres disciplines en termes d’importance ? Parce que je pense que le Karaté se place en position centrale et prend le meilleur de chaque discipline.

Toutes les disciplines non sportives (dessin, échec, anglais, informatique…) sont déjà largement prépondérantes dans l’école : les enfants passent l’essentiel de leur journée assis sur une chaise à faire marcher leur tête. Ces disciplines sont sans doute très intéressantes mais elles ne vont pas accroitre la stabilité émotionnelle des enfants comme le fait le sport. Selon moi, elles préparent donc moins bien les enfants à faire face aux difficultés de l’existence. Ce sont des disciplines qui visent à préparer l’entrée futur dans le monde professionnel et visent donc à satisfaire prioritairement les besoins de la société. Pas celle de la personne.

Le théâtre est réputé pour diminuer les problèmes de timidité. J’ai dans l’idée que le kumite (combat) pourrait bien avoir des vertus similaires.

Par rapport aux sports collectifs, le karaté se pratique en groupe mais il n’y a pas de gagnants ni de perdants. Une équipe qui perd tout le temps, cela finit par peser. Tout comme le fait d’être le nul que personne ne veut dans son équipe. Rien de tout cela au karaté.

L’apprentissage d’un instrument de musique est exigeant en termes d’effort personnel et cela développe sans doute la détermination. Le prix de l’instrument, la logistique de transport, la nécessité d’un enseignement individualisé, la nécessité d’une pratique journalière le rende plus difficilement implémentable dans une école. Le karaté va développer également la détermination et le gout de l’effort mais pour le prix d’un kimono et la possibilité de l’apprentissage en groupe.

La danse développe de nombreuses qualités dont la grâce et la maitrise du corps dans l’espace. C’est certainement une discipline sœur du Karaté mais qui ne traite pas directement le problème de la violence. De plus, les garçons auraient probablement plus de réticence à suivre d’eux-mêmes un enseignement de danse à cause de l’image encore très « féminine » de cette discipline. Je veux bien convenir que c’est probablement le contraire pour les jeunes filles.

Les sports d’endurance comme la course à pied sont excellents mais ils sont souvent peu attrayants pour les enfants car peu ludiques et donc perçus comme ennuyants et difficiles.

Les sports qui se pratiquent en dehors de l’école comme l’escalade, la montagne, le ski, la natation ou l’aviron imposent des contraintes d’équipement et de transports qui sont de fait incompatible avec une pratique aisée, rapide et régulière au sein d’une école.

Le sport à l’école (à mon époque on appelait cela « EPS ») est une très bonne chose mais il souffre de plusieurs problèmes structurels :

Quelles pourraient être les modalités pratiques pour l’enseignement ?

Je ne souhaite pas que le karaté soit obligatoire et je ne veux pas non plus qu’il s’agisse d’une option. Qu’est ce qui n’est pas obligatoire à l’école et qui n’est pas non plus une option ? La bibliothèque (à mon époque on appelait cela le CDI). Dans mon collège et mon lycée – je ne sais pas si c’est généralisable –, le CDI était essentiellement utile aux élèves qui avaient peurs / été rejetés / subissaient des brimades et moqueries et qui donc se refugiaient au CDI. Autrement dit, c’était un ilot de sécurité, au chaud, au calme, avec la protection des documentalistes et la possibilité de s’évader dans le monde imaginaire des livres pour fuir la réalité de l’oppression de la cour de récréation. Telle est pour moi la réponse officieuse de l’école à la violence : faire des CDI qui accueillent et protègent les opprimés. C’est mieux que rien.

Et bien mon idée est simplement d’élargir ce concept de CDI au karaté. Durant la semaine, il y aurait de nombreux créneaux horaires dispensant des cours de karaté au Dojo de l’école. Le sensei (professeur de karaté) accueille tous les élèves qui souhaitent assister au cours de karaté sans considération pour leur âge et leur classe. Autrement dit, les 6ème, 5ème, 4ème 3ème sont mélangés et se retrouvent ensemble pour le cours de karaté. Il n’y a pas d’appel ni de notes. On ne va au karaté que si on le veut. Les élèves ont la possibilité d’aller au karaté à la place d’aller en étude ou au CDI : bref durant leur « trou » ou d’autres moments libres de la journée. On demande simplement aux élèves intéressés de s’engager pour 1 an en début d’année mais cet engagement n’engage qu’eux et les cours restent facultatifs. Les cours de karaté pourraient avoir lieu dans le gymnase du collège/lycée ou même dans la cour de récréation comme on le voit dans les films asiatiques présentant des académies d’art martiaux.

Le nombre d’élèves présent en cours importent finalement assez peu. S’il n’y a que deux élèves présents, c’est que ces 2 élèves là en ont vraiment besoin et le sensei délivrera un enseignement quasi-particulier. Ma foi, à mon époque, il n’y avait pas grand monde au CDI et on les gardait ouvert parce que ceux qui y étaient en avait vraiment besoin !

A l’inverse, mon dojo « colonne vertébrale de l’école » pourrait être victime de son succès et drainer des dizaines voire centaines d’élèves. On se retrouverait alors comme dans les films d’art martiaux avec des dizaines/centaines d’enfants formant des lignes et de colonnes dans la cour et faisant du kihon/katas au rythme du sensei. Cette possibilité qui fait rêver me semble d’autant plus réalisable si le karaté est proposé comme une alternative possible au fait d’aller en étude. Ainsi les élèves auraient systématiquement le choix entre la salle d’étude au chaud pour avancer les devoirs ou le cours de karaté pour tenter de décrocher une ceinture noire au cours de la scolarité.

Que faire s’il y a trop d’élèves d’un niveau disparate pour un seul professeur ? Je vois deux possibilités:

Ainsi la présence d’adultes et/ou de sempai pourrait aider à gérer un cours avec des niveaux très disparates (1) et éventuellement éviter que ce soit la foire s’il y a beaucoup d’élèves (2). La présence d’adultes au cours de karaté peut également finir de convaincre les enfants du sérieux de l’enseignement qu’on leur transmet. Ainsi dans la cour de récréation, ce n’est pas seulement des enfants de 11 ans pratiquant le karaté avec des enfants de 14 ans mais plusieurs générations qui peuvent se retrouver en kimono de manière journalière ou hebdomadaire.

Je ne prétends pas que cela soit si simple à mettre en place et à organiser ni que le cadre général que je propose soit le bon. Peut-être faut-il expérimenter pour trouver la formule qui convient le mieux.

En quoi le karaté deviendrait-il la colonne vertébrale de l’école ?

Le karaté devient la colonne vertébrale de l’école dans la mesure où :

Quel peut-être le bénéfice du karaté à l’échelle d’un collège concernant la problématique de violence ?

Je ne veux non plus laisser entendre que faire du karaté prémuni complétement contre la tendance à faire chier le monde, à nuire, à violenter. Néanmoins, je pense que cette tendance est très fortement réduite par le cadre conceptuel que pose le karaté (1) et par le fait que le karaté est un sport (2) qui, comme tout sport, libère de tout un tas d’émotions / comportement négatifs.

Il convient de noter également que beaucoup d’élèves ne pratiqueront peut-être le karaté que quelques mois ou quelques années. Le karaté n’aura été qu’un passage, le temps de reprendre confiance en soi exactement comme le CDI/la bibliothèque peut représenter une étape rassurante vers plus d’autonomie au collège. Tout le monde n’a pas vocation à faire du karaté et parmi ceux qui feront du karaté, tout le monde n’ira pas jusqu’à la ceinture noire : c’est normal et il n’y a rien de mal à cela. Certains feront du karaté quelque temps, arrêteront, reprendrons, puis réarrêteront puis rereprendront comme on le fait tous pour tout un tas de truc. La vie est ainsi : « le karaté doit être fait pour l’homme et non l’homme pour le karaté ». Il convient donc que le karaté ne devienne pas une nouvelle violence symbolique infligée aux enfants comme celle qu’on peut voir avec les mathématiques : « si tu es nul en math/en karaté, tu vas rater ta vie !».

A long terme, on peut néanmoins espérer que des milliers puis des centaines de milliers de ceintures noires soient formées chaque année. Elles quitteront l’école, intègreront le monde du travail, fonderont des familles et vieilliront en apportant leur fruit bénéfique sur leur entourage (comme tout un chacun et peut-être un peu mieux que tout un chacun). Ce ne seront pas des super-héros, ce seront simplement des personnes qu’on aura formées pour devenir plus stable émotionnellement et pour prendre soin des plus faibles.

La manière dont j’ai écrit ce document peut laisser entendre que je m’adresse principalement à la France. Il est vrai que c’est le système scolaire français que je connais pour l’avoir vécu. Mais les persécutions que je subis sont mondialisées. Ma proposition l’est donc également. Elle s’adresse à l’humanité. Peu m’importe de savoir quel pays l’implémentera.

Peut-être avez-vous remarqué que j’écris souvent au futur et non pas au conditionnel. Comme si ce que je propose, mon Dojo « colonne vertébrale de l’école », allait être effectivement implémenté ! Comme si je n’avais guère de doute à ce propos ! J’appelle cela le syndrome de Napoléon et cela me fait quelque peu sourire. J’avais indiqué dans mes ordres de mission qu’on pourrait retrouver dans mes textes les différentes catégories qu’on utilise pour caricaturer/ se moquer des fous. Vous avez donc ici un parfait exemple de la catégorie Napoléon.

En 2017, j’ai écrit un texte politique proposant un canevas pour donner la possibilité aux mourants de mettre fin à leur jour (une sorte de suicide assisté). Depuis une dizaine d’année, je ne consulte plus jamais la presse : ce ne sont que des persécutions ou de la propagande. Je n’ai pas de télévision, ni de radio. Je ne lis jamais le journal ni sur papier ni sur internet. Le peu « d’information » qui passe provient toujours des autres qui me les imposent sans que je ne les aie jamais demandées. L’année dernière, alors que j’étais dans mon association de personnes atteintes de trouble psychique, quelqu’un avait apporté un journal local. Cela faisait une éternité que j’étais coupé de toute information alors pour prendre la mesure du décalage, j’ai ouvert ce journal et je l’ai lu. C’était une erreur. En effet il était mentionné qu’un projet de loi sur la fin de vie devait être discuté ici ou là. Quelque chose dans le genre. Evidemment, j’ai fait le lien avec mon propre texte. Il est tout à fait plausible sinon très probable qu’il n’y ait aucun lien et qu’un tel projet de loi émerge indépendamment de mon texte. Néanmoins ce n’était pas la première fois que je notais des coïncidences troublantes entre ma vie et la réalité politique. Quelle fût la première idée qui me vint à l’esprit ? « Putain, ils sont peut-être assez cons pour faire ce que je dis ! Et si j’avais tort ? ». Le doute m’assaillit essentiellement à cause de la T2 mais également à cause de la T1. La deuxième idée qui percuta mon esprit fût : « putain, c’est cool, s’ils autorisent le suicide assisté, tu pourras profiter des fruits de ton propre projet, en mettant fin à tes souffrances si tu te choppes un cancer mortel ». Donc une pensée de doute « et si c’était une idée de merde » suivie d’une pensée égocentrée « Putain, cela pourrait m’être utile à MOI ». Il n’y a pas eu de pensées de fierté altruiste du genre « Grâce à moi, on va épargner aux mourants des souffrances inutiles ». Il n’y a pas eu non plus des pensées relatives à l’ambition ou à la jouissance du pouvoir « putain, j’ai peut-être le pouvoir de faire bouger les lignes, c’est génial ». La pensée altruiste c’était lors de la rédaction. La jouissance du pouvoir, je n’y suis apparemment pas sensible. Je subis le poids des persécutions ainsi que la charge du fardeau et des responsabilités qui sont les miennes. La satisfaction de voir la politique implémentée n’existe pas vraiment et elle ne représente en rien quelque chose qui allège ou justifie le fardeau. Si la politique dont on parle devait être implémentée un jour, il me serait complétement égal de savoir si j’en suis à l’origine ou non : seul le résultat importe évidement.

Revenons au karaté car les choses sont identiques. En tant que stoïcien qui donne son Nord, l’implémentation réelle du « Dojo colonne vertébrale de l’école » n’a guère d’importance à mes yeux parce qu’elle ne dépend pas de moi. Une fois le texte publié, son devenir ne me concerne plus vraiment. Si un jour mon neveu me demande : « qu’est-ce que tu as fait contre la violence à l’école ? », je pourrais lui répondre simplement : « j’ai fait ma partie ». Si l’implémentation devait avoir lieu, cela génèrerait probablement à nouveau un « et si j’avais tort ? » ou un « cool, mon neveu pourra faire du karaté à l’école ». Faire peu de cas de l’implémentation réelle peut sembler égoïste et facile mais c’est une bonne manière de se protéger efficacement sur le plan psychique.

Si l’implémentation réelle devait avoir lieu, cela poserait un autre souci : celui de mon pouvoir réel (plus ou moins à mon insu). J’ai indiqué que je ne souhaitais pas que l’idée proposée fasse l’objet d’une propagation « express » mise en place par des agents d’influence. Y a-t-il une certaine forme de mauvaise foi de ma part derrière tout cela ? Est-ce qu’il n’y aurait pas un « officiellement, je vous interdis de le faire, officieusement faites bien comme vous voulez ! » ? Je ne m’autorise pas en moi-même ce type de considérations mais elles se passent de mon autorisation. Il est donc préférable de les regarder en face pour mieux répondre : je me fou complétement du soutien des services secrets pour l’implémentation du Dojo à l’école. Je préfère 1000 fois la non-implémentation qu’une implémentation basée sur le faux, la manipulation, la propagande, l’influence, la violence etc… Que mes idées ne se propagent que par l’intermédiaire de personnes qui les trouvent bonnes, se les approprient, les font siennes, sont prêtes à les défendre et à mouiller la chemise. Parfois de bonnes idées ne se propagent pas et donc n’apportent pas leurs fruits bénéfiques. A l’inverse, parfois de mauvaises idées se propagent et engendrent des malheurs. C’est ainsi que les choses se passent en T1 et il n’est pas si facile a priori de distinguer une bonne d’une mauvaise idée. Pour me faciliter la vie, je switch donc très volontiers sur la T2 pour sortir de la politique et rentrer dans la métaphysique et la spiritualité. Tout devient plus ample, plus vaste et on peut enfin respirer de l’air pur sans se faire des nœuds au cerveau ni abdiquer ses responsabilités : si le Dojo à l’école est une bonne idée, il sera implémenté, sinon il ne le sera pas. Dans une situation comme la mienne, il peut être salutaire de se créer des chemins sur lesquels il est facile d’évoluer pour ne pas gaspiller inutilement de l’énergie. La philosophie stoïcienne permet de focaliser l’attention sur ce qui dépend de moi (l’écriture de ce texte). La pensée religieuse permet de gommer cette idée néfaste que ma volonté puisse avoir le moindre impact sur ce qu’il adviendra : « La volonté de Dieu pas la mienne ».

Ces longs paragraphes pour en arriver à la conclusion. J’ai largement utilisé le pronom possessif « mon » en parlant du Dojo. C’était le temps de décrire ce que j’avais en tête. Mais à partir de maintenant ce n’est plus « mon » Dojo. Je ne suis pas ceinture noire de Karaté et je ne crois qu’en l’exemple. C’est donc maintenant le Dojo de Jean-Claude Van Damme s’il l’accepte. Il pourra en faire ce qu’il en veut, le modifier à sa guise. S’il n’en veut pas, mon cadeau disparaitra dans les méandres des écrits médiocres : on ne force pas quelqu’un à accepter un cadeau qu’il n’aime pas ou dont il ne veut pas.

Je ne sais pas du tout ce que peut représenter en pratique, ce cadeau, cette transmission de Dojo symbolique. Elle n’a aucune valeur dans le domaine politique c’est-à-dire en T1. Dans son discours face camera, Jean-Claude Van Damme a choisi la T2 et cela me convient parfaitement. Cette transmission symbolique s’opère donc en T2, dans le domaine spirituel. La suite de l’histoire appartient donc à Jean-Claude Van Damme si telle est sa volonté.

Viafx24, le 8 février 2024.