De la volonté de Dieu
Durant la rédaction des principaux chapitres théorico-métaphysiques de ma thèse en juillet 2011, je souffrais beaucoup. J’étais parti rédiger en montage pendant 1 mois et je souffrais d’une terrible hypochondrie depuis plusieurs années qui me gâchait l’existence et me faisait souffrir plus encore que les persécutions que j’endurent à l’heure où j’écris ces mots, en 2025. Un jour sur deux à l’époque, pour tenir le rythme de la rédaction, je partais courir en montagne, faisant peut-être 700 mètres de dénivelé en 45-60 minutes ce qui est assez hard pour le cardio. Et pourtant j’effectuais bien souvent une bonne partie de la montée en pleurant. C’est dire dans quel état psychique je me trouvais à l’époque. Dans un de ses bouquins, Nietzsche doutait que ses idées proviennent de lui : il ne comprenait pas comment elles arrivaient et se couchaient sur le papier : tout cela était très mystérieux pour lui. Et il en allait de même pour moi : mes chapitres sur la vie, l’information, l’évolution, le futur… : je ne sais pas pourquoi j’avais ces idées : elles s’imposaient à moi mystérieusement alors même que je n’étais pas du tout croyant et me définissais comme agnostique à cette époque. Je sentais assez fortement que je n’étais que l’instrument de propagation de ces idées qui ne semblaient pas vraiment venir de moi… Plus tard j’ai pu lire entre les lignes qu’un tel ou un tel avait pour hypothèse principale que j’avais écrit tout cela « pour la reconnaissance » … Outre le fait que s’interroger sur les motivations profondes à l’origine de l’agir d’un autre homme n’est pas particulièrement glorieux, c’est aussi faire peu de cas de ce que Nietzsche et moi-même avons bien senti [la comparaison s’arrêtant là !] à savoir : « je n’ai absolument aucune idée pourquoi cette idée s’impose à moi, d’où elle vient. Je ne suis pas du tout son créateur : elle est arrivée comme cela sans que j’aille la chercher, sans que ma volonté n’ait quoi que soit avoir là-dedans, comme si un démon était à l’œuvre. ». Ce genre de réflexion et d’idées n’a probablement pas beaucoup d’adeptes : on pourra facilement y voir de la folie avec un caractère prophétique, de la mégalomanie, de la vantardise ou de la fausse modestie. Pourtant, l’idée en elle-même n’a rien de bien nouveau ni de bien méchant : elle dit ce qu’elle dit : « je ne comprends vraiment pas d’où viennent ces idées, j’ai vraiment le sentiment de n’être que le support / le canal / le vecteur qu’elles utilisent pour se mouvoir mais pas le créateur ».
Ainsi, déjà en 2011, je sentais confusément que quelque chose était à l’œuvre et me dépassait complétement : que je n’étais pas précisément celui qui écrivait ce qu’il écrivait. Et tout cela dans un contexte de T2 : je ne suis évidemment pas en train de dire que mes écrits étaient chapotés ou structurés par une société secrète avec une intentionnalité X ou Y (T1).
En 2014, les persécutions ont commencé. Ma « prestation générale », mon « niveau de jeu » -- pour ceux qui aiment à se représenter les choses ainsi -- a été quelque peu maigrichon au début. La passion pour les services secrets et la volonté d’être recruté, mon niveau d’alcoolisme grandissant puis la terreur induite dans mon esprit faisaient que les lignes du devoir de rester vrai, libre et bon étaient tenues de manière bien incertaine. C’est au printemps 2015 que Dieu semble s’être invité dans l’équation. C’est comme si, à partir d’un certain niveau de souffrance, il débarque et dit : « bon, cela suffit, je vais venir te filer un petit coup de main pour tenir le gouvernail sinon tu ne tiendras pas tout seul contre eux ». Il s’est déjà montré à moi sous la forme d’une église puis par la suite, il a utilisé mille moyens, bien souvent naturels pour me rassurer par sa présence. L’avantage des moyens naturels c’est qu’ils ne sont pas confondables avec des techniques politiques en T1. L’autre avantage (ou inconvénient suivant le point de vue) c’est qu’ils sont subjectifs. Je suis globalement seul à pouvoir les lire et en extraire le sens et tout cela relève bien sûr de la foi. Pour un autre, les mêmes signes ne seraient que foutaises d’un persécuté ou d’un psychotique qui s’est inventé un Dieu pour satisfaire son ego ou panser ses souffrances. Et cela est bien ainsi. Le fait que je sois essentiellement seul à pouvoir les voir et les décrypter ne signifie nullement que je représente une exception ou que cela relève de la prophétie ou que je sois « spécial » : tous ces signes sont là pour tout le monde et chacun peut sans doute affiner son antenne pour améliorer la réception. Je n’en suis pas l’unique destinataire et je dirais même que mon antenne n’est pas particulièrement bonne. D’autres, je le crois et je l’espère, ont développé des antennes beaucoup plus performantes.
Ainsi au printemps 2015, la foi est à l’œuvre pour briser le sentiment de solitude et empêcher par-là, coute que coute, tout retournement par la société secrète. En T1 et au regard des techniques qu’ils utilisent en routine contre moi, ils ne peuvent pas me retourner. Cela ne signifie pas que je suis invincible [il est préférable de se penser toujours corruptible] mais qu’aucun système politique ne peut espérer me compter dans ses rangs sans briser ma foi. En cela, chacun peut constater la force que procure la foi (ou le fanatisme suivant l’angle à partir duquel on regarde).
Mais en novembre 2017, il me faudra affronter une épreuve encore bien plus terrifiante en T2 (relaté dans le chapitre « une expérience traumatisante »). Dans ce contexte, je n’ai été qu’une marionnette apeurée trimbalée ici ou là, perdue. Une attaque du plancher métaphysique, une attaque de la foi, une attaque de TOUT : dans ces conditions, il ne reste plus rien : le « je », le « moi », « l’ego », le « j’ai raison, vous avez tort », le « Dieu m’aime et vous punira de votre méchanceté » ou n’importe quel thème sur le même registre : tout cela éclate en morceau. A partir de ce moment-là, on a eu un éclairage sur des réalités d’un autre ordre et plus rien ne pourra jamais complétement annihiler ce dont on a été le témoin. Bien-sûr, la vie reprend son cours avec les comportements, habitudes, pensées relatives à l’égo : on recrée la dualité avec un « moi » et les « autres », un « moi » contre les « autres » etc… Les forces des habitudes mentales sont puissantes et la foi, même sincère, ne suffit pas à transformer instantanément un homme. En tout cas, pas un homme comme moi, probablement trop faible. Je n’exclue pas que d’autres dans les mêmes circonstances, soient en mesure de mettre en place des changements beaucoup plus radicaux dans leur manière de vivre et de penser. Autrement dit, ce n’est pas parce que je n’en suis pas capable (ou que je suis lent) que tout le monde en est réduit à cela. Par chance, d’autres sont plus forts que moi.
Vous me lisez ? Vous réussissez à ne pas me juger ? Vous découvrez tout ce merdier et vous comprenez que ce dont je parle n’est pas irréel ou mensonger mais au contraire traite très précisément de la nature du réel, même si j’admets ne rien savoir et avancer aveuglement avec pour seul repère ma foi ? Si vous êtes ainsi, sachez que vous pouvez faire mieux que moi. Par une certaine fénéantise, je ne pense pas avoir mis 100% de mes forces dans la bataille de la liberté intérieure, de la sagesse, de la libération, de l’abandon à la volonté de Dieu (ou quelle que soit la manière dont vous appelez tout cela). Mais ce n’est pas parce que je n’ai pas (encore) passer la seconde que vous ne pouvez pas le faire VOUS, pour VOUS et pour TOUS. C’est dit.
En 2019, je m’en suis expliqué dans ce texte en T1 , je décide de partir en montagne dans une cabane pendant 1 mois pour décider si oui ou non, je dois monter une opération de secours. A la fin de ce mois, ma réponse était plutôt « non » ce qui au début de ma retraite m’aurait semblé improbable voire impossible. La découverte de la spiritualité orientale (ou pour le dire autrement de la sagesse) m’ouvre les yeux sur un certain nombre de choses. En particulier, je prends conscience de l’ampleur du désastre : je n’ai aucune structure intérieure me permettant d’avoir un certain degré de maitrise sur mes pensées et mes émotions. Je suis comme un chien qui court après chaque bâton qu’on lui lance : bâton en T1 ou en T2. A l’époque, Sénèque m’avait aidé à me rendre compte de ces failles qui font que n’importe quel évènement, situation peut me faire penser, réagir mécaniquement comme ceci ou comme cela. Mais je pensais que c’était ma faiblesse qui m’empêchait de réussir à me contrôler. La sagesse orientale m’a montré que je n’étais pas seul dans ce cas : qu’il s’agissait d’un problème auquel tous les êtres humains étaient confrontés, qu’il fallait être patient, travailler, pratiquer, étudier la prison dans laquelle nous étions enfermés et que cela pouvait être le travail d’une vie. C’est à cette époque que je suis tombé sur les ouvrages d’Arnaud Desjardins. J’ai apprécié tout de suite le ton familier et la clarté de son propos qui dénotent par rapport aux nombres importants de philosophes illisibles. Petit à petit j’ai lu de plus en plus d’ouvrages de lui dont « A la recherche du soi ». Le matin, je commençais ma journée en me disant qu’il y allait avoir tous un tas d’épreuves et de messages de mes persécuteurs et que je saurais faire face. Invariablement, j’échouais et me retrouvais identifié à mon statut d’homme persécuté en colère. Puis le soir, je reprenais ma lecture et comme par magie, en quelques secondes ou minutes, l’émotion disparaissait. Les mots d’Arnaud Desjardins avaient un pouvoir magique de me sortir de l’enfer émotionnel et psychique dans lequel je me retrouvais enfermé chaque jour. J’ai donc commencé à prendre cet homme très au sérieux. Et ce, malgré le fait que – de mon point de vue à l’époque – il ne payait pas de mine : c’était un Français, travaillant pour l’ORTF, membre de la société des explorateurs : autant dire un agent… Et pourtant cet agent me tendait une main. Depuis 2014 et alors qu’il était mort en 2011, il était le seul être humain avec Sénèque à avoir soulagé profondément mon âme, à m’aider à tenir le gouvernail de mon navire dans l’adversité et dans les crises les plus difficiles.
Fin juillet 2023 et alors que je venais de terminer l’ouvrage « En relisant les évangiles », j’ai été projeté dans un état totalement différent de ce que j’avais vécu jusqu’alors. Il devait être peut-être entre 18h et 21h (je ne me rappelle plus précisément), j’étais allongé dans mon lit et je voulais essayer de méditer mais je n’y arrivais pas car mes jambes bougeaient toute seules. Je me suis alors amusé à forcer le mouvement de mes jambes. A dire « oui » au fait que mes jambes bougent et instantanément, sans travail ni effort particulier, j’ai été éjecté dans ce que j’appelle « le soi » : une forme de béatitude de l’instant présent. C’était un état stable : je pouvais le maintenir même en ouvrant les yeux ou en bougeant. Mais le niveau de béatitude, de sérénité était tel que je pouvais rester parfaitement immobile. Cet état a duré environ 1 heure. En terme scientifique occidentale, on parlerait d’état passager de trans ou d’hypnose sans drogue. En termes de spiritualité à consonance orientale, on parle de « samadhi ». L’état était conforme en tout point à ce que Arnaud Desjardins passait son temps à décrire en long et en large. J’ai su alors de manière intime qu’il disait vrai. J’avais déjà une grande confiance en ses écrits mais cette expérience que je n’aurais jamais pensé possible si je ne l’avais pas vécu, a immensément accru la confiance que j’avais en lui. Ses livres m’avaient tendu une main. Maintenant, la main tendue était d’un tout autre ordre : 1 heure dans un autre monde. Dans une autre dimension. Dans un autre état.
Il convient néanmoins de préciser que l’expérience s’est assez mal terminée et a généré d’assez fortes angoisses dans l’heure qui a suivi. Pour faire simple, une attaque en T2 avec injonction assez forte au suicide. Rien de comparable avec ce que j’ai vécu en novembre 2017 mais un sentiment désagréable qu’une très belle expérience de samadhi se transforme en injonction violente de type « suicide-toi tout de suite ». Néanmoins, cette fois, j’ai réussi à ne pas laisser cette fin un peu violente et désagréable ruiner la qualité de l’expérience vécue. J’ai trouvé la force de rejeter la partie sombre en T2 et de garder la partie lumineuse d’Arnaud Desjardins, sentant bien qu’il s’agissait d’un encouragement à persévérer sur la voie de la quête intérieure. J’ai même abandonné pendant de longs mois toute idée d’opération de secours étant donné la force de la preuve qui m’avait été donné de vivre. J’ai bien-sûr essayé de reproduire cet état sans réel succès mais sans échec non plus. J’étais prévenu qu’il ne fallait pas s’acharner à vouloir reproduire les expériences de samadhi qui sont offertes par la grâce et qu’il est donc vain de vouloir les revivre et les réobtenir par excès de volonté, d’effort ou de force. Ainsi, depuis 2 ans, aucune expérience de ce type ne s’est reproduite sans que cela génère en moi de tristesse ou d’aigreur car je sais et je sens que tout cela n’est pas loin, est en deçà. Certes ce n’est pas accessible sur commande, par l’action de ma volonté mais cela existe, c’est là, à la portée de tous. Et je le sais parce que je l’ai vécu. Je peux donc témoigner que le message qu’a porté Arnaud Desjardins pendant toute sa vie est probablement vrai. Ce type d’expérience n’est pas une fin en soi, parce qu’elle n’est pas stable : je n’ai pas le pouvoir de la renouveler. D’autre part, elle a un côté « stupéfiant » : on est vraiment éjecté dans un autre monde comme avec de la drogue mais sans drogue. Ce type d’expériences doit être reçue comme un encouragement à persévérer dans la direction choisie et rien de plus. Un cadeau, une main tendue qui dit « continue, tu es sur la bonne voie ».
Relaté une telle expérience (qui reste relativement commune et banale) n’est pas une pratique courante dans les milieux spirituels. Une certaine pudeur est de mise pour plusieurs raisons à mon avis : (1) ne pas décourager ceux qui n’en ont jamais vécu car puisqu’elles sont données par la grâce, elles ne reflètent en rien l’avancé sur le chemin. Je ne crois d’ailleurs pas être particulièrement avancé sur le chemin : je suis même sûr du contraire ! (2) elles peuvent faire naître suspicion, jalousie, comparaison, bref déclencher inconsciemment une vision étroite et mesquine de l’humain. Mais ma démarche, dans cette opération de secours, est différente. Je dis TOUT. Chacun pourra alors corréler ce que j’écris à sa propre expérience et avancer sur son propre chemin. Si vous n’avez jamais vécu d’expérience de Samâdhi, cela n’a aucune importance ! Et dites-vous bien qu’avant que cela m’arrive, si vous m’aviez raconté une histoire de ce type, la probabilité que je vous croie sincèrement sans que les pensées automatiques du genre « c’est quoi ces salades avec lesquelles il me bassine et m’emmerde » et autre « mais pour qui il se prend celui-là » apparaitraient inévitablement dans mon esprit, avec ou sans ma volonté… Même après avoir vécu ce genre de chose, il me reste difficile de croire aux expériences encore plus lumineuses ou durables des autres… c’est dire si je vous comprends… Donc, si par hasard vous venez du monde de la T1 et que vous vous dîtes « c’est quoi le but secret de cet agent qui nous raconte n’importe quoi avec sa T2 ?», vous restez mon ami intégralement et totalement pour la simple raison qu’une immense partie de mon âme pense comme cela : « je ne vais pas me laisser berner par le premier agent venu qui me bassine avec je-ne-sais-quelle-connerie-ésotérique pour me fourguer je-ne-sais-quelle-soupe-frelatée » … Mon propos vous gêne ? Dites-vous que j’ai dû abuser un peu de diazépam et qu’un jour, l’espace d’une heure, j’étais dans un état second un peu bizarroïde… Ce n’est certes pas ma vérité mais c’est peut-être ce qui s’est passé, qui sait ?
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Viafx24, le 24 juin 2025